Nos échoueries – The Drama Project


Paraîtrait que je pourrais en parler, maintenant. Officiellement, je veux dire. Alors parlons-en.

Le livre est là, sur l’accoudoir du divan. C’est un livre que je connais tellement, de fond en combles, que j’ai lu et relu à plusieurs reprises. C’est normal, j’en conviens: je l’ai écrit.

Je l’ai lu et relu, mais en fait, pas depuis sa publication. Une fois seulement depuis qu’il est devenu un livre. Pour sentir cette émotion étrange d’avoir entre les mains un objet qu’on a soi-même fait, mais qui est devenu bien plus. Puis je l’ai mis avec les autres, non sans une certaine fierté, dans ma bibliothèque. Les autres: je veux dire les miens, bien sûr, mais ceux aussi des Félix, Gilles, Gaston et autres auteurs que j’ai toujours admirés. Il allait là pour s’empoussiérer. Nos échoueries a eu une belle vie, bien au-delà de mes espérances avec le prix qu’il est allé rafler au salon du livre de Rimouski. Normalement, les livres d’aujourd’hui meurent vite et bien. Quelques mois et ils disparaissent. C’est le heurt auquel doit s’habituer tout écrivain.

Le Lady Era

Mais voilà, Nos échoueries refuse de s’enliser. Au baissant, pourtant, comme tous les autres, il a semblé vouloir y rester. Il aurait fait comme la carcasse rouillée du Lady Era à Port-Cartier – il aurait été une image marquante dans ma vie, un souvenir indélébile. Mais voilà que remonte la marée, qu’elle veut l’amener ailleurs…

C’est un projet que nous chérissons secrètement depuis un bout de temps déjà qui voit ses conditions de réalisations enfin rassemblées. Ce que c’est? Nous ferons quelque chose comme une adaptation scénique de Nos échoueries, dont la première ébauche devrait être rendue publique l’automne prochain.

Pour l’instant, nous ne nous attendons pas à une oeuvre finie, mais plutôt à quelque chose comme un laboratoire théâtral qui aura pour point de départ mon roman. L’idée n’est pas de faire une simple transcription pour la scène de l’histoire de Nos échoueries, mais plutôt de le faire voyager en le soumettant à différentes tensions. Entre autres: les perceptions des différents collaborateurs au projet, dont la sublime Josée Laporte, qui en signera la mise en scène (elle préfèrerait sans doute que je parle de mise en espace, j’aurai l’occasion d’expliquer pourquoi), ainsi que le GRAND Pascal Beaulieu, avec qui j’ai déjà eu la chance de travailler à quelques reprises lors de lectures publiques (j’ai d’excellents souvenirs de ces collaborations ponctuelles, il m’a même déjà fait chanter un chapitre de Nos échoueries sur un air de blues!), qui s’attardera pour sa part à l’environnement sonore de l’oeuvre. Mon travail d’écriture (et/ou de réécriture) devra tenir compte des préoccupations de chacun, des lieux qui l’accueilleront, des sons, des corps… De mes préoccupations, aussi, et sans doute du travail des comédiens qui seront invités à se joindre au projet.

Nous donnerons de la chair à Nos échoueries. Il y aura du corps dans ces mots. Y a-t-il quelque chose de plus enthousiasmant?

À propos de jeanfrancoiscaron

Romancier, il a publié Beau Diable [Leméac, 2022], De bois debout [La Peuplade, 2017], Rose Brouillard, le film [La Peuplade, 2012, publié en anglais sous le titre The Keeper's Daughter, chez Talonbooks, etn 2015] et Nos échoueries, [La Peuplade, 2010, prix Jovette-Bernier]). Il a aussi publié de la poésie, dont Des champs de mandragores [La Peuplade, 2006] et Vers-hurlements et barreaux de lit [éd. Trois-Pistoles, 2010, prix Poésie du Salon du livre du Saguenay - Lac-Saint-Jean en 2011]. Il est aujourd'hui responsable de la bibliothèque municipale de Sainte-Béatrix. Voir tous les articles par jeanfrancoiscaron

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