Aujourd’hui, on m’a annoncé qu’une critique de Nos échoueries serait publiée dans un journal. On verra bien. En attendant, je me demande comment ce sera. De voir quelque chose que j’ai écrit être critiqué. Pour vrai.
Jusqu’ici, ça ressemble à peu près à ça:
- J’ai eu environ 2 secondes d’extase. Une véritable extase. Comme on en vit peu.
- Puis, je me suis «effoiré», comme on dit en bon français. Je me suis soudainement senti comme une crêpe sur laquelle on appliquerait une pression du plat de la spatule pour s’assurer qu’elle soit mince et qu’elle cuise bien. Qu’elle fasse de belles taches brunes.
- Alors, j’ai tenté de me ressaisir. Mais j’ai plutôt eu l’impression de m’effoirer de l’autre bord. Comme une crêpe qu’on revire pour la cuire égal.
- Après? Je ne sais pas encore. J’en suis là. À cuire de l’autre bord.
Est-ce que c’est parce que je suis fragile, ou perméable? Je ne crois pas. J’ai écrit un roman comme je voudrais en lire plus souvent. Avec une bonne dose de poésie. Un roman que j’ai lu et relu à voix haute, que je me suis mis en bouche, pour être satisfait de la façon dont ça sonne. Et je le suis, plutôt satisfait, aujourd’hui. Alors advienne que pourra.
Surtout, je crois en la vertu de la critique. Se remettre en question, c’est sain. Ce qui me transforme en crêpe, ce n’est pas vraiment le fait qu’une critique, ça peut être négatif. En fait, je crois que c’est surtout parce que je ne sais pas. C’est qu’encore un peu plus, je découvre tout un pan de la création que je ne connaissais guère: la réception. J’ai toujours écrit pour être lu, c’est certain. Et pour plaire un peu, ça va de soi. Quoique, pas toujours. J’ai parfois voulu susciter d’autres émotions. Mais une telle réponse est rarement arrivée.
C’est d’avancer à tâtons qui me transforme en crêpe, je crois. Voilà, c’est ça. Je me sens un peu dépassé. Par les entrevues. Par les attentes. Parce que je sais de plus en plus que je ne sais pas.
Il y a tout un monde entre la publication d’un recueil de poésie la mise au monde d’un roman. Je commence à peine à en évaluer toute l’ampleur.
Remarquez, j’ai beau être bouleversé par ces émotions que je ne connaissais pas, j’aime ce qui arrive.
J’aime ce qui arrive. Ça sent bon.
28 avril 2012 at 14 h 34 min
Magnifique métamorphose littéraire.